Strasbourg – Exposition
A Koenigshoffen, une exposition donne la parole aux réfugiés
Dans le cadre de l’exposition « Exil(s) » au centre socioculturel Camille Claus, des migrants inscrits aux cours de français livrent le récit de leur arrivée dans l’Hexagone. Entrée libre jusqu’au 4 juin.
Jusqu’au 4 juin, le centre socioculturel Camille Claus de Koenigshoffen héberge dans son hall l’exposition « Exil(s) », consacrée à des témoignages de réfugiés. Ceux-ci prennent une forme écrite, via des citations inscrites sur des panneaux, et orale, que l’on peut écouter sur des bornes sonores.
Devant la trentaine de personnes – des réfugiés pour la plupart – venues assister au vernissage, le directeur du centre, Daniel Chinaglia, insiste sur la valeur de cette exposition : « C’est un projet singulier car il permet de vous donner la parole là où trop souvent on parle à votre place. »
« En France, je vis en paix »
« Exil(s) » est le fruit d’un partenariat entre quatorze centres socioculturels du Bas-Rhin, dont une majorité de Strasbourg même. Tous ont en commun de dispenser des cours de français aux personnes issues de l’immigration. Une trentaine d’apprenants de ces différentes structures se sont portés volontaires pour raconter le parcours qui les a menés en France.
À Koenigshoffen, ils sont au nombre de deux : Safiya Isse Darod et Mekhael Bakter. La première a fui la Somalie où elle était confrontée à la guerre, à la sécheresse et à la faim. Dans son récit, elle insiste sur le contraste avec sa situation actuelle : « En France, c’est calme, je vis en paix. » Mekhael Bakter a, quant à lui, rejoint l’Hexagone après que sa ville, Ninive, dans le Nord de l’Irak, est tombée aux mains de Daesh le 6 août 2014. Par un heureux hasard, il assistait à ce moment-là à une conférence chez les Dominicains à Strasbourg en sa qualité de responsable au sein de la communauté chrétienne. « On m’a conseillé de rester, se rappelle-t-il. Chez moi, Daesh coupait la tête aux chrétiens. » À 64 ans, le retraité ne se voit pas revenir en Irak, d’autant plus que sa maison a été brûlée et que les membres de sa famille qui s’étaient réfugiés au Kurdistan ont pu le rejoindre. Cet ancien directeur du département de mathématiques de l’université de sa ville travaille désormais comme bénévole au CSC Camille Claus. « J’aide les élèves de collège en maths, physique et chimie », explique-t-il.
En parallèle, il continue de suivre les cours de français langue d’intégration (FLI), au même titre que près de 200 autres personnes chaque année au centre Camille Claus. « Il y a aussi bien des primo-arrivants que des personnes qui vivent depuis longtemps en France, détaille Chantal Loth-Cariou, responsable du pôle éducation. L’objectif est que la maîtrise de la langue leur permettre de se débrouiller dans la vie de tous les jours et de créer du lien. Sinon ces personnes sont contraintes de se replier sur leur communauté. »
DNA 1er juin 2019